Sélectionner une page

Bonjour Lucile, 

Vous écrivez des articles pour aider les femmes à se sentir mieux, pas vrai ?
Donner des « conseils hyper simples à appliquer », quoi de mieux ?

hm… pas si vite…

Et si vos conseils provoquaient l’effet inverse ?

Et si vos conseils se transformaient en obsessions alimentaires ?
Puis en compulsions alimentaires ?

Et si on n’arrive pas à appliquer un « conseil hyper simple ».
Comment on se sent après ça ?

Je ne pense pas que vous soyez un tyran qui veuille torturer psychologiquement les femmes. Et c’est pourquoi je veux attirer votre attention sur certains points dans cet article.

Certains de vos articles sont motivants.
Mais je ne suis pas toujours d’accord avec vous.

Prenons l’un de vos articles qui résume bien votre philosophie globale, pour exposer nos divergences. « Les 10 erreurs qui vous empêchent de perdre du poids ».

Nous sommes toutes différentes, et si votre article peut aider certaines femmes à se sentir mieux dans leur corps, pour beaucoup d’autres il pourrait au contraire avoir un impact très négatif.

Être obsédée par la perte de poids et contrôler notre alimentation (même si ça n’a pas l’air trop restrictif) est la cause N°1 d’une mauvaise relation avec la nourriture (et peut aller jusqu’au trouble alimentaire).

Au contraire, notre pratique aide les femmes à apprendre à se faire confiance, à apprendre à entendre et répondre à leurs sensations alimentaires et corporelles.

Apprendre à faire confiance aux signaux que notre corps nous envoie est une base essentielle pour être capable d’apprécier et appliquer les conseils alimentaires avec flexibilité, sans tomber dans une restriction rigide.

Voici les 10 conseils de Lucile Woodward revisités :

Vous diabolisez le grignotage.
Ici, nous n’aimons pas beaucoup ce mot d’ailleurs.
Pourquoi mettre un mot différent en fonction du moment où on mange ?

Peu importe qu’on mange pendant ou en dehors des repas.
Nous mangeons. Nous avons faim, nous mangeons.
Tout simplement.

Diaboliser le grignotage entretient l’idée qu’on ne doit absolument pas manger entre les repas. Que ça n’est pas normal d’avoir faim entre les repas. Et que si on a faim entre les repas, nous avons un problème.
Ce qui est faux évidemment.

Concernant l’envie de manger sans faim.
Cette envie peut effectivement être lié à une émotion (et pas à une réelle faim). Mais diaboliser la nourriture émotionnelle non plus n’aide pas à la faire disparaitre.

Au lieu de ça, on peut travailler dessus, comprendre ce qui nous fait manger nos émotions. Sachant que la plupart du temps, la nourriture émotionnelle vient de la restriction passée ou présente, d’une mauvaise relation avec la nourriture, comme je l’explique dans ce post Instagram (études scientifiques à l’appui)

« le grignotage est votre pire ennemi ».
Les mots ont un sens, le mot « ennemi » renforce l’idée d’un rapport conflictuel avec la nourriture, nous sommes « en guerre » contre la nourriture. Est-ce vraiment le rapport qu’on veut avoir avec la nourriture ?

Déjeuner léger alors qu’on a faim, juste pour perdre du poids, c’est effectivement mauvais et contre productif.
Merci pour ce rappel Lucile.

Cependant, l’utilisation du terme « bon déjeuner » nourrit l’idée de bien et de mal dans la nourriture. S’il y a des « bon déjeuner », il y a aussi des « mauvais déjeuner ». Des aliments bons / mauvais.

Diaboliser des aliments nourrit la culpabilité dès qu’on ne mange pas les « bons aliments ».

Après avoir mangé un « mauvais aliment », on se sent nul et on entre dans un schéma de restriction pour rattraper cet « écart ». On entre dans un cercle restriction –> craquage –> restriction –> craquage. Dévastateur pour la confiance en soi.

« Pas de dessert ! »
C’est contre productif.
L’interdiction amplifie l’envie, c’est scientifiquement prouvé.
Depuis longtemps.

« le diner idéal, c’est le diner le plus léger possible ».
Non, le diner idéal c’est surtout de manger à sa faim.

Imposer « un diner léger » encourage les gens à ne pas s’écouter eux.
Même si j’ai très faim, je vais diner léger, je vais écouter Lucile Woodward plutôt que d’écouter mon corps. Ça renforce l’idée qu’on n’est pas capable d’écouter notre corps. Qu’on ne devrait pas écouter notre corps.

Quoi de mieux pour perdre encore un peu plus confiance en notre corps et en nous ?

Écouter notre corps, ça s’apprend, et ça n’est pas facile.
Mais quel est le meilleur moyen d’y arriver :

  • commencer à apprendre (nous avons créé ce site rien que pour ça)
  • ou continuer à ne pas l’écouter car on n’y arrive pas ?

Je trouve ça dommage d’associer le sport aux calories.

Vous expliquez plus bas qu’il ne faut pas compter les calories qu’on mange, mais il faudrait quand même compter les calories qu’on brûle au sport ?
Cela ressemble à une contradiction.

Ça sous-entend de faire du sport pour maigrir, ce que vous déconseillez pourtant (à raison) dans le point N°7.

Complètement d’accord sur le comptage des calories.

Par contre une fois encore la nourriture est diabolisée ici.
L’assiette de lentille est « un bon aliment », alors que les chips sont un « mauvais aliment ».

Les études montrent que catégoriser les aliment est contre productif.
Les « mauvais aliments » deviennent super attirants et excitants. Pas étonnant qu’on finisse par les manger de manière compulsive.

C’est bien de manger des aliments nutritifs la plupart du temps.
Mais ça ne veut pas dire que vous faites quelque chose de mal si vous mangez une pizza. Ça ne veut pas dire que c’est moins bien que de manger des lentilles.

Manger équilibré doit venir de vous, de votre corps, de votre envie profonde et sincère.

Le risque ici c’est de manger équilibré « parce qu’il le faut ». Parce que c’est écrit, parce que Lucile Woodward l’a dit.

C’est la différence entre écouter son corps.
Et écouter Lucile Woodward.

Une personne qui n’a pas encore appris à écouter son corps va culpabiliser en mangeant sa pizza. Au lieu des « aliments de qualité » préconisés.

Du coup cette même personne va manger des légumes le lendemain, mais pas par envie sincère. Et plutôt par restriction.

La restriction entraînant la frustration et les « craquages »…
…trop tard… c’est le retour du terrible cercle vicieux restriction –> craquage –> restriction –> craquage.

« Manger équilibré » peut être vécu comme une restriction si ça ne vient pas de vous, de votre corps, de vos sensations.

Voila pourquoi nous apprenons aux femmes à entendre leurs signaux et à y répondre. (nous insistons beaucoup sur l’apprentissage, car il ne suffit pas « d’écouter son corps », il faut apprendre à le faire).

Pour résumer ma pensée ici :

  • Non au comptage des calories,
  • Et non aussi à toutes les règles « externes à votre corps ». Aussi flexibles soient-elles.

« C’est l’équilibre entre sport (renfo + cardio + stretch) / alimentation/ anti stress qui vous permet de retrouver un poids harmonieux et stable pour toute la vie. »

C’est vrai… en théorie.
Dans la vraie vie il y a tout un tas de facteurs dont personne ne parle.
Comme les émotions ou la psychologie humaine par exemple.

Comment expliquer par exemple que vous savez exactement quoi manger, et pourtant, vous n’y arrivez pas. Vous « craquez ».

Nous ne sommes pas des robots qui ont juste besoin du bon dosage de nutriments pour fonctionner. Nous sommes des humains avec des émotions, des situations, des préférences et un historique personnel qui nous rendent tous différents.

Ces différences ne sont prises en compte par aucun régime, aucun rééquilibrage. Car toutes ces règles sont externes à votre corps.

Il n’y a que vous qui pouvez ressentir vos émotions par exemple.
Voila pourquoi nous voulons vous aider à devenir l’experte de votre corps.

La bienveillance et la capacité à entendre et répondre à nos signaux internes sont des compétences indispensables avant de chercher à « manger équilibré ».

Le sommeil est un besoin vital.
Notre niveau de sommeil a un impact sur toutes nos décisions.

C’est l’une des première choses à vérifier quand on a des « problèmes » avec la nourriture :

  • « est-ce que vous prenez assez soin de vous ? Est-ce que vous dormez / mangez / buvez assez ? »

Juste un petit warning sur cette phrase : « Le poids, c’est bien pour la santé ».
Les études montrent que la corrélation entre poids et santé est beaucoup plus faible qu’on le croit.

La culpabilisation autour de la santé se fait de plus en plus présente, et elle est contre productive.

« se faire plaisir de temps en temps ».

Cette phrase parait anodine, mais elle associe la notion de plaisir à certains aliments seulement (les aliments « trash »).

Ça entretien l’idée qu’on ne peut pas prendre du plaisir à manger des légumes. Que manger des légumes est un calvaire. Alors que manger des pâtes est un plaisir.

Vous commencez à voir la catégorisation des aliments :

  • bons / mauvais
  • plaisir / torture
  • sain / malsain

La catégorisation des aliments est présente un peu partout dans notre vie et elle est complètement contre productive.

« se faire plaisir de temps en temps », ça renforce cette idée que notre alimentation doit être contrôlée (la plupart du temps). Que notre corps ne sait pas manger équilibré par lui même. Que si on écoute notre corps on ne mangerait que des pizza à chaque repas.

Voici une question philosophique pour vous :

Est-ce que votre corps doit être contrôlé parce qu’il est incontrôlable ?
Ou est-ce que votre corps est devenu incontrôlable à force de le contrôler ?

C’est un peu l’histoire de l’œuf et la poule, en plus facile.
Vous n’êtes pas née incontrôlable, vous l’êtes devenue à force de contrôler votre alimentation.

Pensez vous que le problème (le contrôle) peut aussi être la solution ?

Si vous voulez aller plus loin, j’ai aussi fait une vidéo dans laquelle j’analyse le programme « rééquilibrage alimentaire » de Lucile Woodward.

Note : il est important de noter que nous n’avons rien de personnel contre Lucile Woodward, nous respectons son travail et ses programmes sportifs sont très bien. Nous pensons juste que la partie « alimentation » est un bon support pour illustrer le problème des « rééquilibrages alimentaires » et autres programmes « flexibles ».